Sélectionner l'aptitude à élever !
- Par Tony LOMBARD
- Le 08/02/2022
- Dans Conduite et méthodes d'élevage
Revoyons tout d'abord la valeur du mot "Élever" :
- Procurer les soins nécessaires au développement de quelqu'un, d'un animal, de sa naissance à un certain point d'accomplissement : Élever son petit.
- Nourrir, entretenir son existence jusqu’à ce qu’il ait acquis une certaine force.
- Nourrir et protéger des animaux ou des plantes pour favoriser leur développement.
Le diamant mandarin est naturellement un formidable éleveur. La ponte, la couvaison et le nourrissage se passe sans problème. Le couple (La femelle comme le mâle) y mettent de l'entrain, sont complétement affairés à l'élevage de leur nichée.
En anecdote, je me souviendrais toujours d'un père qui après la perte de la mère, avait tout donné pour finir d'élever leur progéniture. J'ai l'image de ce mâle dévoué qui n'en pouvait plus, qui vaciller en fin de journée devant moi, mais continuer sans relâche à nourrir ses jeunes jusqu'au sevrage. Je lui ai apporté tous les soins possibles pour le soutenir durant cette période.
1. Rôle de l'éleveur
Il existe bien parfois de mauvais parents, qui ne couvent pas, qui ne nourrissent pas. Ils sont rares chez le diamant mandarin.
Pour autant, on peut voir parfois la pratique de faire élever par des parents adoptifs (couples de diamants mandarins dédiés à cette tâche ou moineaux du japon).
Cette pratique ne met t'elle pas en péril cette aptitude ! Cette dérive peut-elle favoriser à "fixer" des diamants mandarins "défectueux" devant l'une de leur faculté première ?..
Le rôle de nous, éleveurs, est de cultiver, préserver, pérenniser, voir renforcer cette belle aptitude naturelle !
2. Expérience vécue
Je vais vous raconter une expérience vécue qui m'a amenée à comprendre la bonne voie pour garder cette qualité dans une souche de diamant mandarin :
J'ai connu une interruption de ma passion des diamants mandarins pendant cinq ans.
La reprise a été difficile, le plus compliqué a été de trouver de bons oiseaux de départ. J'ai fini par acquérir une souche de gris poitrine noire qui me plaisait. Les débuts ont été très compliqués en termes de fécondation, nombre de naissances et surtout un nourrissage quasiment inexistant.
J'ai donc beaucoup réfléchi à palier à ces problèmes, chercher des solutions. Grâce à seulement deux femelles grises avec de bonnes qualités d'élevage (fécondité, bonne couvaison, bon nourrissage), j'ai pu d'année en année régénérer, renforcer ces aptitudes de bon éleveur en faisant des porteurs avec ces deux femelles.
Je les ai également énormément observés, pour par exemple connaître leurs préférences pour le nid, son placement et le type de nid.
Je me suis donc battu plusieurs années pour réussir à améliorer la faculté d'élevage de cette souche. Au point d'en faire une ligne de conduite.
Ce que j'en ai retenu : L'aptitude à élever correctement se sélectionne !
J'ai ensuite commencé ma souche actuelle de gris sur ces bases. Les diamants mandarins de départ choisi devaient savoir élever ! Être autonomme.
Pour cela, une de mes premières questions à l'éleveur était "Ce diamant mandarin à t-il était nourri par ses propres parents ?". L'observation chez l'éleveur était aussi importante, voir des couvées élevées par leurs propres parents me rassuré. Retenir la disposition et le type de nid utilisé peut être utile également, afin de recréer si nécessaire les mêmes conditions en cas de difficultés d'élevage avec le ou les sujets acquis chez cet éleveur.
Si au contraire je voyais un grand nombre de nourriciers.. Je posais des questions : "Quel est le but et pourquoi as-tu des nourriciers ? Difficulté de couvaison, de nourrissage ? Pour multiplier le nombre d'un bon couple, mais élève-t-il !?
3. Considérations
Pour moi, élever avec des nourriciers permets à des oiseaux qui ne savent pas correctement élever (couver, nourrir) de perpétuer cette non-faculté. Cela ne doit pas devenir une pratique courante.
Un indice qui peut vous mettre "la puce à l'oreille" : Un diamant mandarin qui a été élevé par des moineaux du japon se reconnait à ses gazouillements qui seront celui des parents adoptifs.
Le passage de jeunes d'un nid à l'autre (d'un couple de parents à l'autre) doit être exceptionnel : Mort d'un ou des parent(s), couvée nombreuse, etc.
Par contre, je dirais que dans le cas d'un couple (jugé exceptionnel) qui a déjà élevé sans problème, qui possède donc une bonne aptitude à l'élevage. On peut envisager de passer des œufs à d'autres couples, dans le but de multiplier les beaux sujets. Dans ce cas, on peut dire que cela est dans le bon sens (on perpétue le bon élevage).
4. Conclusion
Il ne faut pas considérer cette aptitude comme acquise par l'espèce, et selon moi, ne surtout pas détourner le problème avec des nourriciers. Un raccourci qui génère à long terme des problèmes d'élevage, voir des souches qui n'élèvent plus où avec difficulté.
Quel intérêt d'avoir des diamants mandarins qui ne savent plus élever. C'est si agréable de voir les oiseaux élever leur propre progéniture sans se poser de question. Alors quitte à ce faire mal, se séparer de certains sujets, cette direction est la bonne.
C’est une aptitude de comportement aussi sélectionnable que tous les autres critères (type, dessins, etc.).
À mon sens, dans la construction d’une souche solide et saine, qui possède ces qualités naturelles que l’éleveur doit préserver ! Le long terme est à prévoir. Ce qui implique souvent, un long travail.. De la patience et de la persévérance, sans subterfuge comme l'élevage par nourriciers (diamant mandarin dédié ou moineaux du japon). En élevage, il ne faut jamais oublier l'hérédité.
Je vous en donne la preuve, vous ne verrez aucun nourricier dans mon élevage. Tous élèves leurs propres jeunes, et cela se perpétue.
L'aptitude à bien élever est à prendre en compte dans votre sélection.