La mutation poitrine orange dans les couleurs classiques

 

Puisque nous allons discuter du diamant mandarin poitrine orange (PO) dans cet article, il est certes intéressant de s’attarder d’abord un peu sur l’histoire de cette mutation.
La mutation poitrine orange (PO) est supposée avoir vu le jour en Belgique. J’écris consciemment "supposée", car le premier poitrine orange (PO) fût en fait trouvé chez un marchand d’oiseaux. Dans la littérature néerlandaise en particulier, bien avant la découverte du premier poitrine orange (PO) en Belgique, des diamants mandarins y furent décrits présentant des caractéristiques que nous pouvons attribuer maintenant à des porteurs de poitrine orange (PO).
Ce dont nous sommes certains en tout cas, c’est que l’honneur de la découverte de la poitrine orange (PO) revient à un certain Monsieur De C. qui en 1978 remarqua un mâle gris assez spécial dans un commerce. Ce mâle disposait d’une barre de poitrine orange alors que normalement elle aurait dû être noire. Monsieur DE C. acheta cet exemplaire, mais à l’élevage il ne sortit rien de ce qu’il avait espéré. Fin 1978, Paul CH., président du BZC à cette époque, acquerra ce mâle. Il y eut des bonnes et des mauvaises surprises avec ce sujet, car ce mâle ne vécut malheureusement pas très longtemps. Heureusement Paul CH. avait pu en obtenir quelques jeunes auparavant. La poitrine orange (PO) est d’hérédité récessive autosomale par rapport à la forme sauvage. Le facteur orange doit donc être doublement présent pour devenir visible. Il croisa donc des jeunes entre eux et en sortit assez rapidement les premiers poitrine orange (PO).

Déjà le premier éleveur de poitrine orange (PO) commit l’erreur de ne pas combiner et développer le poitrine orange (PO) avec des couleurs classiques (gris, brun, dos pâle, masqué) mais il se rua directement sur la combinaison de la poitrine orange avec le poitrine noire (PN) et d’autres mutations. Dès cet instant, le rêve de tout éleveur de poitrine orange était né à savoir d’aboutir à un diamant mandarin entièrement orange.
De par le fait d’avoir brûlé l’étape de l’élevage dans les couleurs classiques, la question suivante demeura :

Certaines caractéristiques spécifiques que nous observons dans nos poitrine orange classiques, sont-elles seulement des dérivées gênantes de la présence de la mutation poitrine noire (PN) ou s’agit-il d’effets spécifiques de la mutation poitrine orange ?

Qu’est-ce que j’entends dire par-cela ? Souvent le gris poitrine orange ou brun poitrine orange laissent apparaître des joues pas bien délimitées. De même l’on constate souvent un ourlet orangé sur les ailes. Aussi, la poitrine s’écoule fréquemment vers le haut et le ventre présente des dessins. Toutes ces caractéristiques constatées sont assez dérangeantes.

Diamant mandarin male poitrine orange

Avant de discuter ces différents points, il serait bien de se poser la question suivante : Que fait exactement la mutation poitrine orange ?

La mutation poitrine orange convertit l’eumélanine des dessins en phéomélanine brun orangée.

Dans le standard actuel, cela nous donne l’image d’un mâle avec des traits de bec et des larmes orange, un dessin zébré et une barre de poitrine également orange et un dessin de queue à damiers orange-blanc. Les femelles sont également facilement reconnaissables vu la présence d’un léger reflet orangé dans les joues et les flancs sur lesquels on peut même y retrouver des traces de flancs. Le trait de larme disparaît chez les femelles.
Dans les premières années de la mutation, tous les poitrine orange disposaient d’une petite tête, mais cependant bien ronde. Depuis un crossing-over doit avoir joué car ces 2 facteurs (PO et petite tête ronde) se sont séparés. Depuis quelques années on retrouve aussi des poitrines orange avec d’autres formes de têtes. Les mâles porteurs poitrine orange peuvent être reconnus au fait qu’ils ont des plumes orange en dessous des ailes (indice non déterminant). Chez les femelles porteuses poitrine orange, cela se voit que très peu, mais le faible trait de larme laisse entrevoir son génotype (attention, le même indice peut être observé chez les porteurs poitrine noire).

Revenons maintenant à notre question de départ : Ces caractéristiques plutôt gênantes ont-elles leurs origines dans l’introduction massive dans les élevages poitrine orange de la mutation poitrine noire ou sont-elles simplement le résultat du travail de la mutation poitrine orange elle-même ?

Jusqu’il y a peu, j’étais personnellement convaincu que la poitrine noire était le coupable. Mais quelques années d’élevage avec le brun poitrine orange, m’ont appris, que malgré toutes mes tentatives répétées d’éliminer de mon élevage poitrine orange les porteurs de poitrine noire, notamment en introduisant à plusieurs reprises des bruns purs, ces caractéristiques gênantes demeuraient.
Selon les lois de l’hérédité, ces symptômes auraient dû se réduire considérablement de par l’accouplement porteur poitrine noire x brun pur qui nous donnent en théorie 50% de bruns porteurs PN et 50% de bruns purs. Cette méthode devrait permettre d’obtenir un pourcentage de plus en plus élevé de poitrine orange purs.

Je pourrais donc en conclure que la mutation poitrine orange transforme non seulement l’eumélanine en phéomélanine, mais interfère également dans les délimitations des dessins. Ces traces gênantes auraient donc leurs origines dans la mutation poitrine orange en elle-même. D’ailleurs dans l’élevage des combinaisons ne remarquons nous pas que l’introduction du poitrine orange renforce les mutations poitrine noire et black-face. Voyons ici un exemple donné rapidement. Un poitrine noire avec une poitrine entièrement noire est pratiquement intenable. Combiner ceux-ci avec du poitrine orange et la couleur de la poitrine s’écoulera plus haut.

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Avez-vous remarqué, je viens d’écrire "je pourrais en conclure", car en tant qu’éleveur j’ai encore fait d’autres constatations qui laissent présumer que la mutation poitrine orange n’a pas encore été entièrement sondée.

Ces constatations sont, à savoir, qu’il existe des mâles poitrine orange gris ou bruns dont les dessins sont bien délimités. Par contre ces exemplaires ne présentent pas de zébrures oranges, mais bien des zébrures grises ou brunes. Ils montrent un dessin de queue tricolore à savoir des damiers blancs et des damiers partiellement oranges et bruns foncés ou gris.
A l’opposé, des mâles sans délimitations de dessins bien nettes possèdent de l’orange plus ou moins prononcé dans les zébrures. Des mâles qui montrent un dessin sur le ventre, qui est une faute chez les PO classiques, ont un dessin zébré blanc et orange. Tous ces mâles aux dessins non bien délimités ont des blocs de queue orange-blanc cependant pas bien délimités ; l’orange s’écoule.

Par déduction, les sujets au dessin bien délimité seraient-ils les exemplaires poitrine orange purs, alors que les autres seraient plus ou moins porteurs ?

Lorsque nous analysons toutes ces données, alors il est possible qu’un faux standard ait été déterminé et que le brun ou gris poitrine orange pur (non porteurs) est un diamant mandarin différent de celui décrit au standard. Nous devrions alors accepter qu’un dessin zébré orange et des blocs de queue orange-blanc ne sont pas tenable.
Comme argument supplémentaire j’ajouterai que ce premier sujet de 1978, que j’ai vu voler de mes propres yeux, ne présentait pas de zébrures oranges, mais bien grises claires, et montrait des blocs tricolores.

Les auteurs des premières directives d’élevages et du futur standard avaient-ils une vision en tête qui 20 ans plus tard ne semble toujours pas tenable ? Il y a déjà eu des précédents de ce genre, et notamment chez la poitrine orange. Les femelles poitrine orage n’avaient et n’ont toujours pas de trait de larme. Cependant dans la première version du standard un trait de larme y était inscrit. Tout simplement puisque les mâles en ont un qui s’écoule dans la joue, on a pensé que par sélection on obtiendrait des sujets avec un trait de larme orange, ce qui cependant ne fût pas le cas par la suite. Aussi dans la version actuelle du standard la femelle poitrine orange ne doit pas présenter de trait de larme.

diamant mandarin gris poitrine orange femelle

Voici déjà plus d’un siècle que le diamant mandarin domestiqué est élevé. Des diamants mandarins sont élevés en Australie, dans notre monde occidental, à l’est et en extrême orient, en Afrique du Sud ? …. Il existe des différences entre les diamants mandarins de toutes ses régions, il suffit de penser à la différence entre l’anglais et le continental (cf. : Qu'entend t'on par diamant mandarin "type Anglais" ? ). Savez-vous combien de mutations sont élevées à l’étranger ? Vous souvenez-vous encore du diamant mandarin joue orange ? Et nous n’avons encore rien dit des combinaisons et combinaisons de combinaisons.

Et nous ajoutons une autre facette à cette question. Qu’est-ce un diamant mandarin standard, et existe-t-il ? Ceci n’est pas une question simple. Car les standards sont formés de beaucoup de détails sur la forme, le dessin, la couleur etc… Ils expriment de nombreuses caractéristiques dépendant de nombreux gènes, gènes combinés et facteurs environnementaux dans l’élevage. D’où notre idée concernant le standard du diamant mandarin : difficile à élever. En outre, un diamant mandarin n’obtiendra jamais 100 points lors d’une exposition. Ou rêvons-nous que cela puisse être possible ?

À la question : "le type Poitrine orange avec un barre de poitrine orange et des zébrures grises ou brun-noir existe-t-il encore ? " Je réponds : oui !

Il existe encore des mâles poitrine orange gris ou brun avec un dessin bien net et aligné. Mais qui ne présentent pas de rayures orange dans le dessin zébré, mais bien grises ou brunes. Ces exemplaires montrent également des blocs de queue tricolores à savoir des blocs blancs et des blocs en partie orange et en partie brun foncé ou gris. Des mâles, avec des parties débordantes, qui possèdent bien de l’orange dans une proportion plus ou moins grande dans les zébrures. Des mâles poitrine orange dans les couleurs classiques, avec un dessin abdominal non souhaité, ont des zébrures orange-blanc. Tous ces mâles mal dessinés possèdent aussi des blocs orange-blanc mais pas bien nets, l’orange déborde.

J’ai constaté dans des articles antérieurs que l’on disait qu’il pourrait y avoir eu une faute commise dans le standard et que le poitrine orange pur en gris ou brun, soit un oiseau autre que décrit dans ce standard. Nous aurions alors dû accepter qu’un dessin zébré orange associé à des blocs orange-blancs ne fut pas possible.

La plupart des poitrines orange vus dans nos expos présentent des fautes telles que : écoulements de tirets dans l’abdomen à partir de la barre de poitrine, une joue qui n’est pas correctement dessinée (écoulement vers le haut), les points des flancs qui ne sont plus ronds. Ce sont généralement des caractéristiques du facteur poitrine noire. Nous pouvons en conclure que la plupart des poitrines orange (dans les couleurs classiques) rencontrés dans les shows, présentent une couleur de combinaison de mutations venant du poitrine orange et un dessin provenant du poitrine noire. Les poitrines orange du type non standard ne présentent pas ces caractéristiques de la mutation poitrine noire.

La photo ci-dessous, montre le poitrine orange du type avec des zébrures grises, des blocs bicolores et une barre de poitrine et joues soigneusement délimitées :

diamant mandarin mutation poitrine orange

L’autre photo ci-dessous présente le type décrit dans le standard avec des blocs orange-blancs et des zébrures orange. Cet oiseau présente des fautes comme les traits sur l’abdomen, l’écoulement des joues et les points non ronds. Les blocs orange et zébrures orange sont presque toujours associés avec les caractéristiques "porteur" pour poitrine noire.

Diamant mandarin male poitrine orange

La question qui se pose est  : Ces caractéristiques du poitrine noire sont-elles de vraies caractéristiques porteurs provenant du poitrine noire ou est-ce un second type poitrine orange qui intervient dans ce cas ?

Chez les diamants mandarins avec des blocs bicolores et des zébrures grises, les fautes susmentionnées peuvent être éliminées. Je veux dire par l’élevage. Dans les années du début, ce type était l’ennemi. C’est un fait que dans l’intervalle, tout s’est mélangé et il n’existe plus beaucoup d’exemplaires purs.
Les auteurs des premières lignes d’élevage et plus tard des exigences de standard ont eu une image idéale, image qu’actuellement, beaucoup d’années plus tard, ne semble plus réalisable.

Jan Van Looy, éleveur amateur.
Article rédigé en 2009, publié en 2020.
 

Belgische Zebravinken Club
 


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