Le gris poitrine noire poitrine orange
- Par Michel-Landry
- Le 08/02/2022
- Dans Le gris, les mutations et combinaisons
L’objectif de cet article n’est pas d’imposer une direction d’élevage ou créer une polémique, mais de partager mon expérience de l’élevage, mes observations ainsi que les difficultés que je rencontre depuis une quinzaine d’années d’élevage de diamants mandarins dans cette combinaison de mutations.
Le poitrine noire est une mutation de dessin due à une répartition différente de l’eumélanine dans le plumage de l’oiseau. La mutation poitrine orange est une mutation de couleur : L’eumélanine des dessins est transformée en phéomélanine brune orangée, qui tire vers la couleur rouge-rouille pour les meilleurs sujets. Il ne me semble pas importun de préciser en détail en quoi ce que chaque mutation que nous connaissons déjà, modifie sur l’oiseau muté.
Le mâle de concours idéal, en plus d’une forme et une taille correcte tel un classique, ne doit pas avoir de rejet noir dans la poitrine, doit avoir une zone parotique (le lore : entre le bec et la joue) blanche, une poitrine qui monte le plus haut possible sous le bec, une forte extension des joues (les joues se rejoignent à l’arrière du crâne) sans écoulement sur le dos(qui pour moi représente une non-sélection de l’extension de la couleur), un dos gris et non pas chargé de voile brun comme c’est souvent le cas, des dessins sur les rémiges primaires et secondaires (blanc+orange), une couleur rouge/rouille la plus intensive possible, un dessin de ventre (flammèches oranges) le plus grand possible. À cela il faut ajouter que les dessins de flans doivent être marqués d’ovales blanc sur fond orangé ; Les dessins des carreaux de queues sont bien sûr allongés.
La femelle comme le mâle doit être grise de dos, de forme et de taille correcte, avoir un dessin de ventre (les flammèches)(à noter que ce dessin n’est pas orangé comme sur les mâles mais tire plutôt vers le gris-brun), des dessins de dos (sur le bord externe des rémiges), une poitrine qui remonte très haut, des dessins de joues orangées, des flancs marqués de points et de couleur orangée également.
La femelle doit-elle avoir des joues et flancs les plus rouge foncé possible ? Je n’ai pas de réponse.
Ce qui est certain c’est que la première femelle poitrine orange (po) n’avait pas de joues oranges et que le standard Hollandais demandait des femelles sans joues il y a encore quelques années (maintenant il y a deux standards acceptés et jugés différemment : avec dessin et sans dessins… : type 1, type 2 dans les concours). La femelle sans joues dessinées garde des carreaux de queues le plus orange possible. La plupart de mes femelles en reproduction n’ont pas de joues, c’est un caractère que je ne sélectionne pas spécialement.
Je lis parfois sur internet que pour sortir un bon mâle intensif en couleur il faut absolument une femelle avec des joues très orange, ce n’est pas vrai. On sort de très bons oiseaux en couleur avec des femelles sans joues pour peu qu’elles soient très grise. J’entends par « très grises » des oiseaux dont l’eumélanine prend le pas sur la phaeo. Cela ne veut pas dire que certains caractères ne doivent pas être présents (dessin de ventre, sus caudales, paupière, etc.). Je peux affirmer que la femelle sans joue n’influence en rien l’intensité de la couleur sur les mâles.
Quelques particularités sont propres à la combinaison de mutation
Le poitrine orange semble intensifier l’extension de la couleur orange des dessins. On observe souvent des sujets avec une extension complète des joues à l’arrière du crâne, et ce avec une poitrine qui remonte très haut sous le bec (à comparaison avec un poitrine noire pure). Cette extension lorsqu’elle est importante, a tendance à colorer le lore. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui affirment que les oiseaux au lore orangé sont des oiseaux issus de black face. Cette coloration apparait aussi bien sur des issus de poitrine orange poitrine noire (popn) sans la mutation black face depuis plusieurs générations.
Je ne sélectionne pas la couleur orangée du lore. Certes c’est un défaut présent dans mes oiseaux mais élevant des black face popn, je n’y fais pas attention.
Dans les concours cela dépend beaucoup des juges mais en général, si l’oiseau est bon, ils ne se font pas lourdement sanctionner. À noter qu’il y a plusieurs sortes de lores orangés, qu’une photo ne montre pas bien. Des lores orange rouille comme la poitrine et qui viennent se fondre avec la joue (pas bon) ou un voile orangé, plus clair que la joue et qui se distingue encore (ça passe mieux). Mais sur des grands concours, c’est ce qui manquera au bel oiseau pour se classer face aux meilleurs.
Je ne sais pas si cette extension de couleur est responsable du dos orange chez certains mâles, mais alors que depuis trois ans je fais attention à la démarcation tête-dos dans ma sélection des reproducteurs, j’ai remarqué que je n’ai pas sorti de « dos oranges » alors que c’est arrivé 7-8 fois avant.
Autre particularité de la combinaison de mutation, le dessin du ventre. Ce dessin se caractérise par des flammèches orange à partir de la poitrine, qui descendent parfois jusqu’au cloaque. Je me souviens d’avoir participé à la discussion du standard Français lors de sa relecture il y a quelques années. Ceux qui l’ont écrit n’ont pas voulu rendre ce caractère obligatoire (car difficile à obtenir ?...). Il faut pourtant le prendre en compte car cela peut influencer la sélection des éleveurs dans une mauvaise direction.
- La combinaison est « à la mode ». Beaucoup d’éleveurs débutants choisissent cette couleur car c’est recherché et cela « se vend » mieux qu’un gris classique. Cela entraine une multitude d’oiseaux de très mauvaise qualité car peu travaillés. Les gens en recherche d’oiseaux popn veulent des oiseaux terminés et n’ont pas souvent de souche de classique utile au travail de la combinaison de mutation. En faisant seulement des accouplements popn X popn (avec ou sans la mutation black face), la qualité des oiseaux à tendance à diminuer au fur et à mesure des générations.
- Autre souci également, c’est la difficulté de reconnaitre les oiseaux mutés pour un œil non averti. Beaucoup d’oiseaux intermédiaires sortent et peuvent mettre l’éleveur, parfois le juge, dans le doute. Un bon poitrine noire porteur poitrine orange par exemple et inversement peut apparaitre comme un popn. Chez les femelles c’est pire ; Il est parfois difficile de reconnaitre une bonne poitrine noire porteuse poitrine orange d’une mauvaise popn.
- Le gris popn est bien différent du brun popn et est plus difficile à faire, ce qui est compréhensible au regard de l’eumélanine grise chez les gris. Dans la sélection de l’intensité de couleur, on sort pas mal d’oiseaux avec des rejets noirs dans la poitrine. Ce sont souvent des sujets dont la couleur rouille est très bonne et dont la couleur de dos est bien grise. Attention, ce sont de très bons oiseaux de travail qui, s’ils sont bien accouplés, donneront de très bons oiseaux de concours.
Beaucoup d’éleveurs utilisent des bruns popn pour faire disparaitre ces rejets. Je suis d’accord avec cela quand c’est fait avec parsimonie. Des bruns à chaque génération donnent à mon avis des gris au ventre trop crème, au dos trop voilés de brun. Dans mon élevage, j’utilise des femelles brunes popn parfois mais j’essaie de ne jamais remettre de gris porteur de brun sur des femelles brunes. C’est pour ça que je ne sors pratiquement pas de mâles brun popn d’ailleurs. Idem les retours sur classique, je n’utilise que des gris. J’ai lu sur un site qu’il ne fallait pas accoupler gris sur brun car les gris seraient trop voilés de brun, et les bruns seraient trop ternes. C’est vrai uniquement à long terme. On peut obtenir de superbes gris avec un accouplement avec une femelle brune, et de superbes femelles très chaudes avec un accouplement brun ou porteur de brun X grise.
- Beaucoup de poitrine noire poitrine orange (popn) rencontrés sont de petite taille. Je ne sais pas si c’est dû à une mauvaise sélection ou à des accouplements successif de mutés X mutés. Sans retour sur des classiques, je ne pense pas possible d’améliorer la taille de ces oiseaux.
Photo : Femelle grise porteuse poitrine orange porteuse poitrine noire (porteuse POPN)
- La tète de beaucoup d’oiseaux à tendance à être plate. Idem, je n’ai pas d’explication mis à part une non-sélection de ce critère dans les accouplements. Ici encore, un retour sur gris classique ou sur poitrine noire (PN) me semble opportun.
- Les dessins des flans deviennent très flous. Souvent on voit ce défaut sur des diamants mandarins trop schimels (plûmes longues). La longueur de plume est très importante dans ses choix de reproducteurs. C’est un défaut difficile à corriger.
- Les dessins de dos sont absents ou seulement orangés. C’est souvent le cas sur des diamants mandarins dont la couleur est très grise. Ce genre d’oiseau n’a en général pas de bonne extension de joues. On rencontre le même problème sur les mâles PN gris de couleur « très » noir. Ici encore, la sélection des reproducteurs fera la différence. La naissance de ce dessin se voit sur des oiseaux porteurs, mâles comme femelle, il est facile à sélectionner en popn.
Dans la sélection des reproducteurs, beaucoup de critères entrent en compte et dépendent évidement des objectifs visés par l’éleveur, des besoins de gommer tels ou tels défauts. Dans mon élevage, ces critères ont beaucoup évolués depuis 15 ans. Ce que j’ai remarqué, c’est que la taille est bien plus difficile à obtenir que la couleur et c’est un travail permanent car il ne faut pas se faire piéger par la longueur des plumes : un diamant mandarin schimel apparait plus gros en raison de son plumage volumineux et c’est le squelette qui donnera un oiseau de grande taille. Le meilleur moyen pour y faire attention est de prendre les oiseaux en main et ainsi se rendre réellement compte du format de l’oiseau.
Ne pas avoir également d’idées préconçues : on lit sur internet que dans les accouplements il faut privilégier la taille sur les femelles car ce serait elle qui amène la taille à la descendance. Non. Un petit mâle avec une grosse femelle ne donnera pas de jeunes de la taille de la femelle. Les jeunes obtenus seront intermédiaires. Et inversement. Un gros mâle avec une femelle plus modeste donne le même résultat. La sélection du format doit concerner les deux sexes.
Voici quelques points qui sont privilégiés dans ma sélection des reproducteurs, dans cet ordre :
- Le type
- Le format
- La couleur et les dessins
Je pense qu’il est beaucoup plus difficile d’améliorer la taille des oiseaux aussi, j’accorde une attention particulière à conserver les plus grands oiseaux dans mon élevage, certes parfois au détriment de la couleur ou les dessins (des rejets noirs dans la poitrine par exemple).
Je fais attention à quelques détails aussi, dans le choix des classiques pour faire des porteurs par exemple. Seront privilégiés des mâles gris, si possible « mauvais » en couleur de ventre.
Dans le choix des diamants mandarins porteurs mon regard s’attarde sur : la couleur bleutée de la paupière, la couleur des sus caudales, la présence du dessin de ventre chez les femelles, la couleur de base du dos (le plus gris possible). J’écarte également tous les oiseaux aux longues plumes cassantes ainsi que ceux dont la démarcation tète-dos n’est pas nette.
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